Albistea

  • 140 ans de prison pour le mouvement No-Tav, et c’est le tour d’Erri de Luca

    2015-02-01
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    erri de luca epaiketa 2015

    Ouverture du procès de Erri de Luca

    Iturria: ACE.

    C’est aujourd’hui que devrait commencer le procès contre Erri De Luca pour ses déclarations en faveur du sabotage du chantier de la liaison Lyon-Turin (Treno ad Alta Velocita – TAV). Les lecteurs de ce blog connaissent l’affaire. Avec la sérénité inébranlable qui le caractérise, il annonce que s’il est condamné, il ne fera pas appel et ira en taule. Par ailleurs, le site no-tav info communique le résultat du procès intenté à 53 no-Tav pour leur présence à des affrontements lors de l’évacuation de la libre république de la Maddalena le 27 juin 2011 et lors d’une manifestation en réaction le 3 juillet. Le bilan est lourd.  :

    La vengeance de l’Etat aux dépens du mouvement No-Tav s’est accomplie aujourd’hui dans la salle-bunker de la prison des Valette (à Turin, ndt). Le tribunal de Turin, par la voix du juge Bosio, a condamné 47 des 53 No-Tav à plus de 140 ans de prison, en tout, et à des dommages et intérêts qui dépassent la centaine de milliers d’euros, pour les événements des 27 juin et du 3 juillet 2011. En tout, six personnes ont été relaxées. Cette condamnation confirme pour beaucoup les peines demandées par l’accusation et pour certains va même au-delà.

    Confirmées dont les accusations pour les délits de coups et blessures, destructions et violence avec menace contre des officiers publics et les circonstances aggravantes sont reconnues par l’utilisation d’armes, lancement de corps contondants, lancer de pierres, pétards et feux de signalisation. Les peines sont plus élevées pour les évènements du 3 juillet que pour ceux du 27 juin.

    Lourdes condamnations,  qui confirment le théorème accusatoire d’un parquet qui a dicté les règles et les modes du procès au tribunal, lequel, absolument passif et asservi aux pouvoirs en jeu, a permis toute une série de pressions et d’intimidations aux dépens des témoins, sans battre un cil. Le juge Bosio avait envie de partir à la retraite et de conclure sa carrière en soutenant les personnages connus habituels (puissants amis des puissants et amis à lui) et c’est ce qu’il a fait.

    Un cadeau qui est clairement fait à Caselli, l’ex-procureur en chef de Turin désormais à la retraite, et idéologue de cette persécution contre le mouvement No-Tav. Toute sa cour, et celle qui lui sert depuis toujours, sera prête à dire qu’ils avaient raison et que justice a été faite (après toutes les baffes qu’ils ont pris cette année [- allusion au refus de l’inculpation pour terrorisme dans d’autres procès – ndt]). Ils voulaient une lourde condamnation pour pouvoir encore une fois brandir le fétiche de l’Ennemi Public No-Tav mais on le sait, la crédibilité aux yeux du plus grand nombre, ils l’ont perdue depuis longtemps et nous n’avons jamais cessé de suivre notre route, en démontrant que nous avions des raisons à revendre et eux tout à fait tort. (…)

    Cette condamnation aujourd’hui est donné à tout le mouvement No-Tav, parce que après des décennies, nous ne baissons toujours pas la tête et continuons à lutter, forts de la raison et de la volonté (jamais négociable) de défendre nos terres et nos vies. C’est la vengeance de l’Etat contre notre résistance et l’entêtement que nous continuons à montrer, en remettant en question un système injuste et corrompu.

    Nous repartons de là, sans aucun remord!
    Solidarité à tous les condamnés!
    (traduit par mes soins, SQ)

    Signalons que celui qui a remplacé le lamentable Caselli à la tête du parquet de Turin, c’est l’immonde Spataro, le principal procureur acharné contre Cesare Battisti, toujours prêt à vendre la vérité officielle sur les “années de plomb” à ces ignorants de Français. Dans le Nouvel Observateur, il repart à l’attaque contre Erri. Son texte vaut d’être lu pour ce tour de force : à peu près un mensonge par phrase.
    Il faut dire que, faire dire aux mots ce que les puissants veulent qu’ils disent, les juges italiens connaissent:

    “Les procureurs exigent que le verbe “saboter” ait un seul sens. Au nom de la langue italienne et de la raison, je refuse la limitation du sens”

    Erri de Luca, La parole contraire, Gallimard


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